Déménager avec des enfants, que ce soit à l’étranger ou dans une autre ville française, peut s’avérer difficile à gérer. Les réactions de vos enfants peuvent être surprenantes et il faut savoir annoncer la nouvelle et gérer ce changement de façon à les rendre heureux de cette nouvelle aventure et non pas anxieux.

Nous nous sommes rapprochés de psychologues familiaux afin de savoir comment gérer au mieux cette transition, et nous avons sélectionné les informations les plus utiles pour vous aider à déménager avec vos enfants.

Alors, sans plus attendre, vous trouverez ci-dessous 2 000 mots de conseils et suggestions sur les sujets suivants :

  1. Annoncer la nouvelle à vos enfants
  2. La peur l’inconnu
  3. Dire au revoir et gérer le changement
  4. Préparer le déménagement
  5. Gérer les problèmes de comportement après le déménagement

1. Annoncer la nouvelle à vos enfants

La première étape est de décider quand et comment vous souhaitez parler du déménagement à vos enfants.

Dites-le-leur aussitôt que possible. Les enfants sont intelligents et peuvent surprendre des conversations entre adultes. Assurez-vous de leur en parler avant qu’ils le découvrent par eux-mêmes. De plus, choisissez un moment approprié pour leur en parler, et présentez le déménagement comme une nouvelle aventure.

2. La peur de l’inconnu

Vos enfants vont probablement se sentir triste de quitter leurs amis et leur famille car ces personnes représentent la stabilité et la familiarité. De plus, les enfants auront peut-être peur de ne pas réussir à se faire de nouveaux amis, peur de ne pas parler la langue du pays s’il s’agit d’un déménagement à l’étranger, et/ou peur que leurs nouveaux camarades se moquent d’eux.

En vous y prenant à l’avance, vous pourrez palier à cette perspective intimidante de partir vivre autre part. Faites beaucoup de lecture et de recherche avec l’enfant et établissez une liste des choses à faire ensemble. Dès le départ, dépeignez le déménagement comme une aventure, une occasion d’apprendre davantage sur les différentes cultures et les personnes, et de voir les merveilles qui se trouvent partout dans le monde.

Établir un plan

Le fait d’établir un plan peut réduire les craintes de votre enfant et peut apporter un sentiment de sécurité et de la structure lors de la transition. Il faut rester honnête durant cette première étape. Donnez à l’enfant assez d’informations appropriées pour qu’ils se sentent à l’aise pour poser des questions par la suite sans les accabler.

Si les parents ne disposent pas de réponse à une question précise, ils peuvent tout simplement dire, « C’est une très bonne question ! Je n’ai pas la réponse précise à cette question mais on peut faire équipe toi et moi pour essayer de la trouver ? ». En réagissant ainsi, vous démontrez à votre enfant que ses préoccupations concernant le déménagement sont complètements légitimes et justifiées. Au lieu de considérer ses inquiétudes en étant quelque chose de négatif, recadrez-les comme une « partie de l’aventure », une énigme à résoudre.

Préparer la prise de risque et la curiosité

Selon la façon dont les enfants sont éduqués, c’est à dire comment ils se sentent vis-à-vis de l’aventure, l’exploration, la prise de risque, le niveau d’angoisse à l’égard du déménagement variera. Les enfants qui n’ont jamais voyagé ou qui n’apprécient pas les aventures, ressentiront probablement de vives inquiétudes, à moins qu’ils ne se sentent pas comblés dans leur quotidien.

N.B., en parlant de prise de risque, on se réfère au fait de goûter à des nouvelles cuisines ou de sortir souvent.

Essayez de prendre contact avec la nouvelle école de votre enfant ou avec l’association des parents afin que votre enfant puisse commencer à communiquer avec un autre même avant d’arriver sur place. Cela l’aidera à sentir qu’il a déjà des amis dans sa nouvelle ville ou pays.

Une fois sur place, ce serait une bonne idée de sympathiser avec d’autres parents du quartier et de présenter votre enfant aux leurs ; mais essayez de faire en sorte que les enfants ne se rendent pas compte de ce que vous faites. Les enfants imitent souvent leurs parents, alors plus vous aurez l’air confiant et à l’aise dans votre nouvel environnement, plus votre enfant imitera ce comportement.

Questions :

Commencez avec des questions ouvertes,telles que « Qu’est-ce que tu en penses ? ». Vous pourriez être surpris de ce qu’ils peuvent imaginer, comme par exemple « Est-ce qu’on déménage parce que je n’ai pas été sage ? » Ces questions ouvertes seront les prémices d’une conversation basée sur la curiosité et l’intérêt plutôt que de caser la conversation tout de suite à cause des jugements.

Les enfants peuvent s’inquiéter à l’égard de certaines choses telles que le fait qu’ils devront quitter leur école, leurs amis, leur maison et leur quartier. Demandez-leur de vous parler de leurs préoccupations précises vis-à-vis du déménagement. Certains enfants n’auront pas la moindre inquiétude et seront même pressés d’embarquer pour une nouvelle aventure. Ceci étant dit, s’ils ressentent une angoisse chez leurs parents, ils pourraient s’approprier ce sentiment d’anxiété.

Faites une liste des questions principales que votre enfant a à propos du déménagement. Au fur et au mesure, notez les réponses sur la feuille pour souligner que vous faites du progrès pour éliminer les incertitudes. Si l’enfant s’inquiète par rapport à la nouvelle école qu’il fréquentera, faites des recherches ensemble, imprimez des photos du bâtiment pour qu’il puisse d’ores et déjà se familiariser avec. S’il s’inquiète par rapport à la nouvelle langue si vous partez à l’étranger, commencez à faire des petites listes de vocabulaire toutes simples chaque semaine. Faites-en un jeu !

3. Dire « au revoir » et gérer le changement

Alors que les enfants de moins de dix ans s’adapteront mieux à leur nouvel environnement que les enfants plus âgés, donnez-leur autant de choix et d’options (dans les limites de ce qui est raisonnable) vis-à-vis leur mode de vie dans leur nouvel environnement.

Cela pourrait les apaiser de choisir la couleur de peinture et les meubles de leur nouvelle chambre. De plus, assurez-vous que le processus de déménagement soit inclusif ; laissez-les choisir où mettre les meubles et où accrocher les tableaux dans la nouvelle maison.

Assurez une cohérence

Gardez les mêmes règles et les mêmes attentes de votre enfant et de votre vie familiale. Tant de choses vont changer dans une courte période alors n’en rajoutez pas une couche en changeant la façon dont vous éduquer votre enfant. Veillez à ce que vous gardiez la même routine et structure familiale lors de la période de transition. Cela permettra à l’enfant de se sentir à l’aise dans un environnement qui lui sera familier, même si un tas d’autres choses seront différentes.

Impliquez votre enfant dans l’organisation

Demandez à votre enfant s’il souhaite dire au revoir d’une manière particulière et aidez-le à organiser son départ. Par exemple, vous pourriez écrire des cartes, organiser un après-midi ou une fête en petit comité avec ses amis. Aidez-le à décider comment il souhaite rester en contact avec ses copains, et avec lesquels. Montrez-lui comment et où noter les adresses postales et e-mails. Laissez votre enfant faire ses propres cartons pour qu’il garde un peu de contrôle sur son déménagement. Proposez à ses copains de venir lui donner un coup de main lorsqu’il emballe ses affaires.

Soyez créatif

Les enfants peuvent faire un album avec des photos de leurs copains, la maison et d’autres souvenirs. Les parents peuvent organiser un petit pot de départ pour que l’enfant puisse dire au revoir à ses amis. Cela pourrait l’aider à clore le chapitre en disant adieu à son ancienne vie.

Organisez plusieurs petits pots de départ afin que votre enfant ait plusieurs occasions pour dire « au revoir ». Laissez-le faire et dire ce dont il a besoin pour pouvoir, par la suite, tourner la page. Pensez à acheter un petit cahier pour que les autres enfants et parents puissent y laisser un petit mot afin de faire un bon souvenir. De plus, assurez-vous de prendre beaucoup de photos et vidéos lors des pots de départ. Vous pourrez également acheter des appareils photo jetables bon marchés de sorte que les enfants prennent leurs propres photos eux-mêmes. Ces photos serviront comme des souvenirs tangibles pour l’enfant au fil du temps.

Rendez la nouvelle maison familière dès le début

Assurez-vous de déballer quelques objets familiaux tout de suite et trouvez-leur une place dans la nouvelle maison. Cela facilitera la transition de votre enfant et l’aidera à se sentir plus à l’aise. Les photographies de votre ancienne maison, les décorations familières et les peluches rendront l’enfant heureux et feront de la maison un endroit où il se sent en sécurité.

Le quotidien d’un enfant tourne autour de l’école. Montrez-lui des photographies de l’établissement ou rendez-vous sur le site Internet de sa nouvelle école. Essayez de fournir autant d’information possible à ce sujet, y compris le nom de son nouvel enseignant, vous pouvez même organiser une conversation téléphonique ou sur Skype avec lui. Contactez l’association des parents de l’école afin de pouvoir présenter votre enfant à d’autres enfants qui fréquentent la même école.

4. Préparer le déménagement

En tant que parent, un peu d’organisation à l’avance portera ses fruits pour aider votre enfant à se sentir à l’aise.

Renseignez-vous s’il y a d’autres familles avec des enfants du même âge que le vôtre qui habitent le quartier. Demandez à vos nouveaux collègues s’ils ont des enfants ou demandez de l’aide auprès des professeurs pour organiser quelques goûters ou sorties en avance. Si vous créez un réseau ou des débuts d’amitié même avant de déménagez, votre enfant ne pourra que réussir à s’intégrer une fois sur place.

Trouvez un correspondant dans le pays de destination à qui votre enfant peut écrire. Cela aidera à faire monter l’impatience et l’enfant sera pressé de rencontrer ses nouveaux copains et les sentiments d’angoisse se dissiperont.

Découvrez votre nouvel environnement ensemble

Apprenez à connaitre votre nouveau pays ou nouvelle ville. Cela peut signifier apprendre la langue, lire des histoires, écouter de la musique, regarder des vidéos, que du plaisir !

Créez des listes de questions de type vrai ou faux pour votre enfant ; il aura une chance sur deux de trouver la bonne réponse et, le cas échéant, il apprendra un tas de choses sur son nouveau pays ou sa nouvelle ville.

Si possible, proposez à votre enfant de vous accompagner lorsque vous visitez des maisons pour qu’il se sente impliqué dans la prise de décision.

Faites une liste de toutes les choses qu’il souhaite faire dans la nouvelle ville. Montrez-lui un plan de la ville, des vidéos sur YouTube ou empruntez un guide touristique de la ville à la bibliothèque. Parlez-en à d’autres familles car elles peuvent vous donner des pistes et vous parler des endroits intéressants à visiter.

Hello, Hej, Ahoj, Bonjour, Guten Tag, Sveiki, Ciao

Apprenez la langue ! Rigolez, chantez une chanson dans la nouvelle langue, jouez à un jeu de société. Accordez à votre enfant assez de temps pour pratiquer. Rappelez-vous, à moins que vous le fassiez avec lui, il n’aura probablement pas la confiance de le faire tout seul. Peut-être que vous pourriez apprendre une nouvelle phrase ensemble tous les jours.

Assistez à des événements et regardez des films dans la nouvelle langue, cela sera très intéressant et vous donnera une idée de votre vie dans votre nouveau pays.

5. Gérer les problèmes de comportement après le déménagement

Beaucoup d’enfants deviendront angoissés et « collants » lors de la période de transition. Les enfants les plus jeunes pourraient démontrer une régression dans leur développement ou avoir tendance à pleurer si on les laisse seul. Ces comportements sont tout à fait normaux tant que l’enfant ne se comporte pas de cette façon durant une très longue période et que le bon déroulement de sa vie de tous les jours n’est pas affaibli.

Un professionnel de santé mentale pourrait aider votre enfant à gérer ses émotions. La frustration et le sentiment d’être impuissant sont courants chez les enfants lors d’un déménagement. Si ces sentiments persistent et s’ils ont un impact sur la vie sociale ou la performance académique de votre enfant, il pourrait être utile de solliciter de l’aide auprès d’un professionnel, qu’il s’agisse d’un mentor, un tuteur, un thérapeute ou un psychiatre.

Commencez avec des questions ouvertes par rapport à comment il a vécu le déménagement. Demandez à votre enfant ce que vous pouvez faire pour faciliter la transition.

Assurez-vous que votre vie familiale soit très stable et que vous gardiez les mêmes routines qu’avant le déménagement. Rassurez votre enfant que tout ira bien. Pensez peut-être à prendre un animal de compagnie ou essayer un nouveau passe-temps. Planifiez peut-être une visite à votre ancienne maison.

Dernier mot du Dr. Talebi :

« J’encourage les parents à considérer un déménagement familial à l’étranger comme un processus et non pas comme une activité axée sur un résultat.

Pour la plupart des familles avec qui j’ai travaillé, il y a une première étape, une étape intermédiaire et puis une dernière étape de la transition.

Dans un premier temps, il faut donner un ton positif, tout en reconnaissant que le changement est difficile. Cela montre à l’enfant que ses sentiments ont de la valeur et que ses parents le soutiendront lors de ce tourbillon d’émotions.

De manière générale, l’étape intermédiaire est plus pragmatique et axée sur les détails comme la maison, l’école, les relations interpersonnelles. Si l’enfant pense qu’il peut influencer ces variables, il éprouvera un sentiment d’appartenance, qui réduira sa frustration, son angoisse et son sentiment d’impuissance.

Enfin, la dernière étape se focalise sur la commémoration. Chérissez le temps que vous avez passé dans votre pays d’origine et pensez-y avec respect et appréciation. Vos souvenirs tels que les photographies, les albums, les journaux intimes et ainsi suite vous soutiendront lors du processus et vous aideront à clore ce chapitre de votre vie ».

Quel est le volume de votre déménagement?